Rencontre avec la compagnie (S)-Vrai, en résidence à Gonesse

Depuis la rentrée et pour une durée de trois ans, la compagnie (S)-Vrai sera en résidence à Gonesse. Rencontre avec Stéphane Schoukroun et Jana Klein, les co-directeurs.

Quelle signification se cache derrière le nom de votre compagnie ?

Nous avons choisi de nous appeler « (S)-Vrai » parce que nous travaillons beaucoup sur le réel : nous nous basons toujours sur des expériences vécues avec des habitants que nous qualifions de « témoins » de notre propre vie avec qui nous dialoguons sur des questions de société, nous nous interrogeons sur la place que chacun occupe dans la cité et les liens que nous entretenons avec le territoire.

De quoi parlent vos spectacles ?

L’un de nos spectacles, qui s’appelle « Notre Histoire », raconte l’histoire de notre couple. Nous sommes un couple mixte : Jana est d’origine allemande alors que je suis de confession juive. Nous y évoquons la mixité et l’altérité. Dans le même temps, nous entamons les répétitions pour une nouvelle pièce intitulée « L la nuit ». Elle pose la question de la place de la femme dans l’espace public, nos libertés, la manière dont on se construit dans le regard des hommes... Pour ce spectacle à la lisière de l’autofiction, nous avons rencontré des Gonessiennes de tous âges, notamment à la Maison des habitants Ingrid Betancourt. Il sera joué au début de la saison prochaine, certainement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Pourquoi avoir choisi d’être en résidence pendant trois ans à Gonesse ?

Pour sa jeunesse : nous avons nous-même une fille de 12 ans et avions envie de dialoguer avec les jeunes au travers du théâtre. Cette génération en particulier est plongée dans un tout autre rapport à la réalité derrière leurs écrans, il s’agit de réfléchir ensemble à un moyen de garder malgré tout le lien, de poursuivre le débat et de rester ensemble.

Depuis la rentrée, qu’avez-vous déjà mis en place avec les Gonessiens ?

Nous avons déjà effectué une douzaine de représentations de notre spectacle « Se construire » (dans lequel deux artistes tentent de raconter la vie d’un quartier de Sevran qui souffre d’une image un peu négative) au lycée René Cassin et dans plusieurs centres. Avec deux classes, nous avons fait des ateliers et enregistré des podcasts. avec ces ados et d’autres habitants, nous allons travailler sur un projet participatif sur l’école et la transmission qui donnera lieu à une performance mêlant théâtre, vidéo et son. Elle sera présentée le 13 octobre prochain au cinéma Jacques Prévert. Quant au spectacle « Décodage » sur les fake news, il se jouera dans les collèges à partir du mois de novembre.