La Ville de Gonesse mobilisée contre les nuisances aéroportuaires

Un rassemblement a été organisé le mardi 9 mai à Paris devant le Ministère de la Transition écologique. Cette mobilisation fait suite à un courrier signé par plus de 300 élus franciliens dont Jean-Pierre Blazy, envoyé au ministre délégué aux Transports, dans lequel ils demandent un plafonnement et un couvre-feu de Paris-Charles-de-Gaulle.

300 élus autour de Roissy demandent un plafonnement à 440 000 mouvements par an et un couvre-feu de huit heures consécutives comme à Amsterdam.

Afin de s’aligner sur la décision historique prise à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol (qui fait partie des grands aéroports européens comme Paris-CDG) , les élus signataires demandent au ministre une réduction du trafic aérien de 10% à Paris-CDG par rapport à son niveau d’avant crise sanitaire en 2019. De plus, l’instauration d’un couvre-feu entre 22h et 6h (soit 8 heures consécutives comme le recommande l’OMS) est souhaitée. Une pétition reprenant ces mesures de plafonnement et de couvre-feu à Paris-CDG a déjà recueilli plus de 20 000 signatures en un mois seulement.

Une cinquantaine d’élus présents le 9 mai ont lu et adopté symboliquement une délibération reprenant ces mesures. Celle- ci a ensuite été portée au ministre des Transports qui a reçu une délégation com- posée d’élus et de représentants associatifs.

Le ministre s’est engagé à étudier les scénarios de plafonnement des vols pour les aéroports parisiens. C’est une première mais c’est aussi une manière de gagner du temps car l’on sait que la réalisation de telles études nécessite plusieurs mois. En revanche, le ministre a écarté l’instauration d'un couvre-feu même s’il reconnait l’impact sanitaire du transport aérien.

Ce rassemblement marque une première étape. Il s’agira d’amplifier la mobilisation au niveau des élus comme des citoyens pour que le gouvernement prenne enfin des mesures visant à réduire le trafic aérien. Car comme l’observe un rapport récent, le levier de décarbonation le plus efficace à court et moyen terme est sans aucun doute la « modération du trafic ».

La Ville de Gonesse prépare un recours en annulation qu’elle déposera auprès du Conseil d’Etat

Alors que la publication du Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) de l’aéroport Paris-CDG 2022-2026 est toujours attendue, la Ville de Gonesse prépare un recours en annulation et a sollicité d’autres communes à la rejoindre dans ce contentieux.

Ce projet de PPBE a été contesté et rejeté dès sa présentation par la quasi-totalité des collectivités concernées (notamment la ville de Gonesse, la Métropole du Grand Paris, le conseil départemental du Val d’Oise, plusieurs communautés d’agglomération, un grand nombre de communes sur le territoire aéroportuaire de Roissy), des associations de riverains, la Commission consultative de l’environnement (CCE) de l’aéroport et l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) elle-même.

Lors de la phase de consultation publique organisée du 20 janvier au 22 mars 2022, ce sont près de 1500 avis défavorables qui avaient été déposés en ligne sur le site du ministère de l’Ecologie. Un tel rejet s’explique par le fait que ce PPBE est inefficace en matière de réduction du bruit aérien et de protection des populations riveraines de l'aéroport. Ce plan d’actions à 5 ans ne permet pas de répondre aux objectifs fixés par la directive européenne : évaluer, prévenir et réduire les nuisances aériennes autour de l'aéroport Paris-CDG.

Une hypothèse de trafic à 680 000 mouvements par an contre 500 000 enregistrés en 2019 y est même inscrite, rappelant le projet pourtant avorté en février 2021 d’un nouveau Terminal 4 ! Cette hypothèse correspond à une augmentation du trafic de 34,7%! Totalement incompatible avec la réduction du bruit et l’urgence climatique et sanitaire à laquelle il est urgent de répondre ! Dès lors, il est interdit de croire que l’on va pouvoir réduire le bruit aérien de jour comme de nuit avec une telle prévision de croissance. De plus, avec ce PPBE la population exposée sur le territoire aéroportuaire va augmenter.

C’est un vrai faux PPBE car il ne comporte ni objectif de réduction du bruit aérien, ni aucune mesure efficace pouvant le faire baisser. Or, cet objectif est essentiel si l'on veut notamment apporter une réponse à l'impact sanitaire du trafic aérien (source d'hypertension, de maladies cardio-vasculaires, de stress et de perturbations du sommeil pour les riverains). Dès 2019 Bruitparif avait indiqué une perte allant jusqu'à 3 années de vie en bonne santé dans la zone aéroportuaire de Roissy.